FAQ

Cette page liste les questions souvent posées par les professeurs qui envisagent de passer au modèle de classe inversée. Si ce concept pédagogique est nouveau pour vous, commencez par lire la présentation.

Sommaire :

1. Comment s’assurer que les élèves regardent les ressources en dehors de la classe ?
2. Quels sont les intérêts d’inverser sa classe ?
3. Quels sont les inconvénients ?
4. En quoi ce modèle motive-t-il mieux plus les élèves ?
5. Ce modèle est-il compatible avec toutes les matières ?
6. Comment éviter que les élèves ne trichent aux examens ?
7. Comment éviter que les élèves n’en profitent pour avancer le plus lentement possible ?
8. Que donne le modèle inversé avec une classe comprenant beaucoup d’élèves ?
9. Que devient le rôle du professeur ? Et les relations humaines ? Cela ne va-t-il pas déshumaniser l’éducation ?
10. Comment gérer tous ces élèves qui peuvent désormais faire “ce qu’ils veulent” ? Ma classe ne va-t-elle pas devenir chaotique ?
11. Quelles activités de classe puis-je proposer à part des exercices ?

1. Comment s’assurer que les élèves regardent les ressources en dehors de la classe ?

Cette question est la plus fréquente, pourtant le problème du travail à la maison se pose quel que soit le modèle pédagogique utilisé. Une meilleure question serait “les élèves sont-ils plus enclins à regarder des vidéos que de lire des leçons et de faire des suites d’exercices tirés d’un manuel scolaire ?”. La réponse est un grand oui, ce qui n’a rien d’étonnant étant donné l’attrait des élèves pour la technologie. Cela ne signifie pas que le problème ne se pose jamais, mais il est moins fréquent. Ensuite, il existe des moyens pour les encourager à parcourir les ressources :

– La méthode douce consiste à leur demander de prendre des notes quand ils travaillent chez eux et de vous les montrer une fois en classe. Vous pouvez aussi leur faire comprendre que s’ils viennent non préparés, ils perdront du temps en classe à étudier les ressources qu’ils auraient déjà dû parcourir, et ne pourront du coup pas profiter de votre aide. Ils risquent donc de prendre du retard et d’avoir de mauvaises notes (comme c’est le cas dans le modèle classique).

– La méthode dure (qui n’est pas si méchante que ça…) consiste à contrôler systématiquement qu’ils ont bien étudié ces ressources avant de venir en classe et d’y consacrer une note qui comptera pour leur moyenne. A ce stade on n’exigera pas d’eux qu’ils maîtrisent déjà le sujet mais plutôt qu’ils en aient pris connaissance sérieusement. Ce contrôle peut s’effectuer par un rapide QCM en début de cours, ou par quelques questions posées oralement, voire même par la simple lecture de leurs notes, mentionnées dans le paragraphe précédent.

Pour ceux qui n’ont pas accès à internet chez eux, plusieurs options sont possibles : étant donné que la plupart des élèves ont soit un ordinateur, soit un lecteur de DVD, soit un téléphone pouvant lire les vidéos, vous pouvez mettre vos cours sur DVD ou clé USB pour qu’ils puissent les lire quand ils le veulent. Il est aussi possible de leur proposer à l’école un espace connecté et ouvert après les heures de cours. S’ils ont une bibliothèque avec accès internet à disposition, c’est aussi une possibilité. Pour finir, ils peuvent toujours regarder les vidéos en classe au début du cours. Les solutions sont donc multiples.

2. Quels sont les intérêts d’inverser sa classe ?

– Les élèves peuvent apprendre à tout moment, où qu’ils soient.
– Ils sont libres de passer autant de temps que nécessaire sur les points difficiles afin de les maîtriser.
– Beaucoup plus de temps pour les interactions parmi les élèves et avec le professeur.
– Un enseignement personnalisé pour chaque élève.
– Une ambiance plus relaxée.
– Un esprit de coopération et d’entraide.
– Une meilleure responsabilisation des élèves, qui peuvent être actifs et s’approprier leur apprentissage.
– L’opportunité de faire des activités de recherche et des travaux de groupe qui vont développer des compétences et des qualités souvent ignorées à l’école : réflexion, esprit critique, communication, créativité, curiosité, confiance en soi, initiative, organisation, partage, relations humaines, etc.

3. Quels sont les inconvénients ?

– Tous les professeurs ne sont pas prêts à changer de casquette et à perdre leur statut de sage/maître pour prendre celui de guide/coach. Il faut aussi une certaine dose d’humilité et de courage pour annoncer à ses élèves qu’on va tenter une expérience et que tout ne se passera peut-être pas comme prévu. Enfin, avant de pouvoir se lancer dans l’aventure, il faut se préparer : réfléchir à la pédagogie qu’on souhaite poursuivre ainsi qu’à sa mise en place, se procurer ou concevoir des cours et les mettre en ligne, penser à un système de notation, obtenir l’accord de son administration, etc. Tout cela demande un investissement en temps et en énergie.

– Ce modèle n’est pas une solution miracle à tous les problèmes. Vous ne pourrez pas forcément sauver tous les élèves les plus en difficulté, même s’il n’est pas rare d’en voir reprendre espoir alors qu’on les pensait perdus. On observe en effet beaucoup d’élèves qui avaient baissé les bras et qui retrouvent le goût de l’apprentissage une fois passés à la classe inversée. Mais la qualité du professeur est plus que jamais importante car il ne se contente plus de délivrer l’information, il doit savoir s’adapter à chaque élève. Ce modèle est seulement un outil qui lui permet d’atteindre ses élèves de différentes manières, à lui de s’en servir correctement.

– Certains élèves peuvent être réticents au changement. Ce sont typiquement ceux qui ont des bonnes notes avec le modèle classique et qui ont peur de ne plus avoir d’aussi bons résultats scolaires, craignant par exemple les travaux de groupe, ou qu’on accorde plus d’importance à l’oral. Il faut rassurer ces élèves en leur faisant comprendre que c’est l’occasion pour eux d’apprendre les choses plus en profondeur, et qu’ils pourront utiliser leur facilité pour être plus créatifs dans leurs travaux.

4. En quoi ce modèle motive-t-il plus les élèves ?

Une fois passés à un environnement où ils peuvent enfin discuter, se déplacer et choisir sur quoi ils vont travailler, ils changent leur attitude vis-à-vis de l’école et retrouvent leur curiosité naturelle. En leur donnant cette nouvelle autonomie, on leur fait comprendre qu’ils ne sont pas considérés comme des enfants irresponsables mais qu’au contraire ils sont dignes de confiance et peuvent tracer leur propre chemin. On change donc à la fois leur espace de travail en le rendant plus agréable, mais aussi leur rang social, qui passe de “enfant que l’on doit diriger et surveiller” à “adulte responsable et autonome”. La classe inversée leur permet aussi de réellement comprendre le contenu en leur donnant le temps et l’aide dont ils ont besoin. Toutes ces raisons rendent l’école bien plus agréable et leur motivation s’en trouve grandie.

5. Ce modèle est-il compatible avec toutes les matières ?

Jusqu’à présent, ce modèle semble pertinent quelle que soit la matière. D’après les retours, il est particulièrement bien adapté pour les mathématiques et les langues vivantes, où les résultats sont souvent excellents, mais ce phénomène est probablement dû au fait qu’il existe des outils et ressources de très bonne qualité pour ces matières.

6. Comment éviter que les élèves ne trichent aux examens ?

Si vous utilisez le concept de progression individuelle, vos élèves ne passeront pas les examens au même moment, mais plutôt individuellement dès qu’ils pensent maîtriser un sujet (ou selon un calendrier mis en place avec vous). Pour éviter toute triche, il faut donc que les examens soient différents pour chaque élève et qu’ils aient un espace où ils peuvent s’isoler. Pour plus d’information sur la mise en place d’examens “aléatoires”, voir ici. Enfin, les examens ne sont qu’un moyen parmi bien d’autres de noter des élèves.

7. Comment éviter que les élèves n’en profitent pour avancer le plus lentement possible ?

Dans l’idéal, il faudrait que le contenu soit suffisamment motivant pour qu’ils avancent d’eux-mêmes à un bon rythme. Dans la pratique, ce contenu n’existe peut être pas encore, et il vous faudra mettre en place un système qui dissuade la fainéantise. La note de progression est une solution envisageable. Vous pouvez ensuite doser le niveau de liberté de vos élèves quant à leur progression en jouant sur le coefficient de cette note (plus elle est importante, plus ils auront intérêt à avancer). Néanmoins, avec l’autonomie que leur donne la pédagogie inversée, les élèves sont plus enclins à travailler, ils réalisent qu’ils peuvent apprendre sans qu’on soit toujours dans leur dos, la décision leur appartient et ils ressentent de la fierté lorsqu’ils travaillent d’eux-mêmes. C’est un sentiment gratifiant qui leur donne confiance en eux et les encourage à avancer.

8. Que donne le modèle inversé avec une classe comprenant beaucoup d’élèves ?

Tout dépend de l’autonomie des élèves. Si les ressources qui sont à leur disposition sont bien faites et se suffisent à elles-mêmes, ils ne devraient vous solliciter qu’occasionnellement, auquel cas une classe de 35 élèves peut fonctionner plutôt bien (même si ce n’est pas forcément l’idéal). De la même façon, si vous avez réussi à mettre en place un esprit d’entraide et de collaboration, et si vous leur avez appris comment être de bons tuteurs, les élèves les plus à l’aise pourront aider ceux qui peinent, et vous ne serez pas obligé de courir partout. Mais si ce n’est pas le cas, les problèmes seront les mêmes qu’avec le modèle classique. Cela dit, avec une bonne organisation, une classe nombreuse peut avoir ses avantages, puisqu’elle signifie une plus grande diversité de connaissances et de compétences dont chacun peut profiter.

9. Que devient le rôle du professeur ? Et les relations humaines ? Cela ne va-t-il pas déshumaniser l’éducation ?

C’est au contraire dans le modèle classique que l’éducation est déshumanisée, car le professeur est contraint de faire son cours mécaniquement, à tous ses élèves en même temps et sans pouvoir adapter sa pédagogie à chacun. Il a peu l’occasion d’engager des échanges et des conversations constructives, les relations restent souvent superficielles. Dans une classe inversée en revanche, le potentiel d’action du professeur est bien plus grand : le temps libéré en classe lui permet de personnaliser son enseignement pour chaque élève et d’avoir de vrais échanges avec eux. Le professeur devient un véritable guide qui va  aiguiller ses élèves en leur posant des questions et en leur donnant des indices. Il devient aussi leur coach : il peut comprendre leurs faiblesses, utiliser leurs points forts, les encourager, les conseiller, les rendre actifs, curieux et confiants.

Un mauvais professeur sera toujours mauvais quelle que soit la méthode qu’il utilise, mais un excellent professeur peut faire des miracles pour peu qu’il ait le temps de s’assoir avec chacun de ses élèves. L’intérêt de la classe inversée n’est pas dans les cours en ligne mais dans la liberté qu’ils confèrent.

10. Comment gérer tous ces élèves qui peuvent désormais faire “ce qu’ils veulent” ? Ma classe ne va-t-elle pas devenir chaotique ?

Les élèves sont agités quand ils sont contraints de rester assis toute la journée sans pouvoir interagir. Dans le modèle classique, ceux qui ont des facilités s’ennuient et ceux qui ont des difficultés sont parfois si perdus qu’ils n’essaient même plus de suivre le cours. Résultat, les uns et les autres cherchent à tuer le temps et perturbent la classe.

Dans le modèle inversé, les élèves ont toujours quelque chose à faire : s’ils ont du retard, ils y travaillent, et s’ils ont de l’avance, ils peuvent aider leurs camarades, continuer leur progression, ou encore travailler sur un projet scolaire ou personnel. Ils sont donc moins enclins à se dissiper. Grâce à cette liberté, ils se sentent moins étouffés et l’ambiance est plus détendue, mais attendez-vous en effet à ce que votre classe ressemble d’avantage à un atelier de travail, avec des va-et-vient et des discussions constantes. Ça ne signifie pas qu’elle doive être chaotique : une classe vivante peut très bien être parfaitement organisée si les règles et le fonctionnement mis en place sont cohérents et acceptés par les élèves.

11. Quelles activités de classe puis-je proposer à part des exercices ?

Il est malheureusement difficile aujourd’hui de trouver sur internet des ressources en français qui rendraient le contenu du programme plus intéressant. Vous aurez plus de chances si vous visez les sites anglophones, bien qu’il soit encore laborieux d’en trouver de bonne qualité. Mais si vous pouvez y consacrer du temps et si vous êtes capables de les traduire, c’est une option à considérer.

L’équipe de ce site espère avoir l’opportunité de concevoir des projets et activités de groupes dans un futur proche et de les proposer librement aux professeurs. En attendant, si vous ne trouvez rien sur internet qui puisse vous aider, la solution est de faire vous-même ces activités. Il peut être passionnant de chercher à présenter votre contenu de manière à faire cogiter vos élèves et à leur donner envie d’en apprendre plus, mais ça demande de l’investissement. Cependant, si vous réussissez, le jeu en vaut la chandelle. Nous présenterons bientôt une “fiche de projet” qui listera les points importants à prendre en compte lors de la conception de ce type d’activités. Pour plus d’information sur la pédagogie de projet, vous pouvez visiter cette section.